CARTOGRAPHIE CHEROKEE-Diane Glancy- éditions de l’Attente

Asile dans les plaines       

Médecine du Bison je veux parler bison. C’était un jour pour honorer. Le

troupeau marchait dans les grandes plaines. Cette façon qu’avait la horde de marcher.

Des petites bandes d’Indiens suivaient. La façon dont ils dépendaient de nous.  Comment

nous habillions leurs corps. Remplissions leurs estomacs. Fournissions les peau

pour leurs tipis. Nous leur parlions souvent. Grognions un langage qu’ils comprenaient.

Rien que nous ne leur ayons pas donné. Mais à présent on nous prend nos prairies. Nos

fauteuils de jardin et nos terrains. Débandade vers l’autre monde. Le feu

du conseil nous appelle au paradis . Le Grand Esprit parle par le canon des fusils

des soldats. Ils tirent depuis les trains qui passent. Certainement  L’Amérique

était faite pour nous. Souvenez-vous comment nous nous délections.  Décidions

de la manière de fondre sur la prairie, le vent à nos oreilles. L’esprit pur

dans nos larges têtes. Noble le Grand Esprit quand il parlait. Yo. Nous étions siens.

Nous meuglions ses prières. Son vouloir ronflé et vagabondé. Nos veaux grandissaient

au sein de notre force. Nous étions rois. Nous acceptions la mort. Nous nous sacrifiions

pour les Indiens. On nous appelle Grand-mère bison. Señorbuffalo. Mon duc

bufffalo. Herr burgermeister büffel. Bison le sauveur. L’universel bison.

Certainement le Grand Esprit fut fait à notre image. Touchez-nous et vous verrez

la face de Dieu. Nos têtes furent des anges tombés dans les prairies. Touchez-nous

et vous entendrez le grognement de Dieu. Certainement les anges chantent

notre chant de la rumination. Ho ii yo. Les nuages grondent au dessus de nous. Les

courants  suivent. La terre entière chante pour nous les errants. L’autoroute se rappelle

 nos migrations..

Mettez vos pieds sur quatre petites roues. Roulez-nous sur la prairie vallonnée.

La créosote dans les fossés, noire comme nos mufles. L’herbe

parfois aussi haute que nos bosses.

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SI LES INDIENS ARRIVENT

RIEN NE COMMENCERA A L’HEURE

Il en faut du temps

pour que l’esprit des Indiens et du Bison traversent la grand-route.

C’était leur territoire .

Ils reniflent l’odeur de l’herbe

et attendent que le vent leur apporte des jambes de chair .

Les esprits des Indiens et du Bison ne traversent pas

la route facilement .

Suivre les voies

invisibles qu’Ils empruntent 

prend du temps . Ils

luttent avec le nouveau monde qu’Ils subissent .

Les os doivent être complètement nettoyés de leurs chairs et les peaux tannées.

Il faut faire des offrandes au Grand-Esprit.

Il faut du temps

pour s’habituer à l’Espoir qui  brille comme la surface d’Onion Creek.

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Pensionnats pour les Indiennes.

 1.

Ramassez de la boue, voyez comme elle se répand dans l’eau. Maintenant la terre nage,

ne sachant pas ce qu’elle est, n’ayant pas ce qu’il faut pour le savoir bien.

Secrétaires-bureaux, lits métalliques. Le linge que les filles lavent au pensionnat.

Sur le mur, le Christ au poteau, son pistolet pointé sur le monde.

Je tourne les pages du livre. Nous avons dormi avec ce Christ cloué au

dessus de nos lits. Ce gisant, Christ bâton-marchant, aussi proche qu’un

clou dans la main

                                  2. La longue pièce blanche devient parfois jardin.

Les fleurs des haricots, le soleil gazouillant au sol. Autrefois, il y a longtemps

nous avions migré . Je détestais tenir ce qui se trouvait là , mais c’était assis

sur mes genoux. Il y a des moments, même avec le Christ, où je ne suis pas heureuse.

Au jardin, près de la rivière les criquets dans les rangs, sont nos faiseurs-de-hutte.

Hier, le gardien a fauché les chaumes de maïs, les débris flétris de paille,

quelques courges dans les rangs après le raid.

3.

Nous étudions la Bible dans une classe. Jael, la femme d’Heber,

a cloué la tête de Sisera au sol pendant son sommeil. Je songe à la

manière dont les femmes démembraient les soldats. Une courge pâle dans le jardin

sans bras ni jambes. Ainsi en étudiant le Christ perforé, dont le sang avait

coulé-couru, nous étions guéries. Nous acceptons cette poignée de boue que nous

extrayons de l’eau. L’homme blanc, toujours plus nombreux qui arrive. Après la classe

nous gémissons à la pensée que le Christ crée-fabrique  tout l’ensemble des soldats.

Nous pleurons en dormant. Parmi les débris d’épis de maïs, l’amulette ombilicale

d’un jeune serpent.

4

Deux-Coups et Secoue-les-Mains redonnent du mollet à nos récits. Une vieille femme

malade est alitée. Toute la nuit la chouette hulule dans un arbre. Son fils sort

et lui tire dessus. En rentrant dans la maison il trouve sa mère morte

une balle dans les côtes. Depuis mon baquet je les écoute, tout en battant les draps.

Les ombres traversent la laverie en rampant  au sol, grimpent au mur

comme le font les roses trémières au jardin.

5.

Au milieu de la route, une maison, une grange blanche, un poulailler, un hangar.

Nous nous tenons à la grille et regardons. Autrefois nous avions un autre monde,

mais il s’est trouvé très peuplé et nous avons tiré de l’eau ce nid de boue. L’ombre de

notre action, et nous sommes à présent abandonnés. Le prochain monde est très loin.

Nous nous sentons passer au tamis comme du grain. Nous répandons le purin de mouton

dans les plans de navets et de betteraves. Un papillon blanc dans le cep

de vigne, le rang des moutons sur la ligne. Maison  de printemps,

hangar  de pierres. Tout ce qui de nous se serait enfui.