LAYLI LONG SOLDIER (Lakota) – ATTENDU QUE – éditions Isabelle Sauvage

Extraits  de Whereas-ATTENDU QUE, livre qui est une réponse à la résolution du congrès de présenter des excuses aux Indiens d’Amérique (2009).

Un samedi de décembre 2009, le président Barack Obama signait le Congressional Resolution of Apology to Native Americans. Aucun dirigeant tribal, aucun représentant des nations Indiennes n’étaient invités à recevoir et assister aux excuses. Le président n’a jamais lu publiquement et à voix haute ces excuses- bien qu’il ait été consigné que plus tard le sénateur  Brownback avait lu ces excuses devant cinq représentants tribaux (garder en mémoire qu’il y a 566 tribus officiellement reconnues par l’état Américain.) Et ces excuses étaient insérées dans un décret législatif plus large et sans rapport avec elles, nommé Defense Appropriations Act (ou décret sur les acquisitions militaires). Ce qui suit est ma réponse aux excuses autant qu’au langage, élaboration et écriture du dit document. Les faits sont ce qu’ils sont, et je ne veux pas attaquer le président Obama, ni un politicien en particulier, ni aucun parti politique ; je ne suis pas affiliée à un parti. Mais néanmoins je suis citoyenne des Etats-Unis ainsi que de la tribu Sioux Oglala- c’est une double citoyenneté au sein de laquelle je dois travailler, je dois manger, je dois créer, je dois materner, je dois lier amitié, je dois écouter, je dois observer, et constamment vivre.

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ATTENDU QUE je fatigue. A cause de mon effort de le faire aller ensemble avec l’effort de la déclaration : « Attendu que les Indiens et les colons non-Indiens s’engagèrent dans de nombreux conflits armés qui des deux côtés malheureusement, ôtèrent la vie à des innocents, y compris celles de femmes et d’enfants. » Je fatigue

à m’engager dans de nombreux conflits, fatiguée de l’expression des deux côtés. Deux côtés en tant que femme et enfant à cet attendu que. Deux côtés des paroles et des jeux de mots, faisant bosse au-dessus des dictionnaires. Fatigue de se référer aux termes tels que fatigue, de comprendre lasse, affaiblie, exténuée, force réduite à cause du labeur. Marre. En Lakota, fatigue c’est okita qui signifie fatigué. Devrais-je préciser que j’en ai marre. Pourtant sous la rubrique okita j’ai trouvé le terme wayuh’anhica, qui signifie exténuer un cheval de ne pas savoir comment le monter proprement. Suis-je okita ou est-ce que je wayuh’anhica? Dans mon effort à pousser et tirer le langage, combien dois-je travailler pour concrétiser ici ce qui est réel. Réellement, je mesure 1 mètre-77cm. Réellement, je dors du côté droit. Réellement, je me réveille après huit heures de sommeil et mes yeux pendent comme deux carrés d’ardoise. Réellement, je suis blokita très fatiguée. Réellement, c’est une affaire de wayuh’anhica, qui signifie que j’ai exténué le cheval parce que je ne sais pas proprement le monter. Je grimpe les dos des langages, les chevauche et les mène à des conflits textuels- peut-être que je tire les rênes quand je veux dire va. Peut-être que j’éperonne quand je veux descendre. Cela a-t-il une importance. Okita, je suis bloquée, je veux sortir. De la répétition, mon élan à noter : attention, le cheval ici n’est pas une référence à mon héritage ;

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ATTENDU QUE j’ai lu dans un journal New yorkais un article relatif à la séquestration fédérale de fonds prévus pour les réserves, les réductions. Des promesses fédérales et des traités. L’article détaille les conditions de vie sur les réserves celles où le taux des suicides est de dix fois plus élevé que pour le reste du pays. Dedans l’histoire d’une fillette de douze ans dont la mère était morte et qui ne connait pas son père elle rebondit d’orphelinat en maison en foyer d’accueil, lasse. Je remarque comme l’auteur si banalement informe des abus sexuels répétés qu’elle a subis. Et pour le suivi psychologique, les services sont indisponibles. Il y a une clinique qui n’a plus d’argent après le mois de mai, ne tombez pas malade après le mois de mai est le message important. Pendant que je lis je pleure je pleure toujours et ici je dois le être claire mes pleurs n’indiquent pas la tristesse. Plus bas je lis un commentaire qui suit l’article :

Je suis une jeune-fille de 14 ans et j’ai récemment visité la réserve de______dans le Dakota du sud avec mon groupe. Les conditions dans lesquelles les Indiens vivaient étaient choquantes. Quand je suis arrivée chez moi, j’ai écrit une pétition sur le site maisonblanche.org pour que le gouvernement des Etats unis présente des excuses et offre réparation aux peuples Indiens. Cette pétition restera jusqu’au 23 juillet seulement, donc s’il vous plait signez et faites circuler !!!Votre signature signifiera beaucoup pour de nombreuses personnes. Merci.

Chère jeune-fille de 14 ans je veux écrire. Le gouvernement a déjà formellement présenté des excuses aux peuples indiens au nom d’un vous pluriel, votre groupe de jeunes, votre mère et père, vos meilleurs amis et leur famille. Vous comme tous les citoyens Américains. Vous n’étiez pas au courant, je sais. Et pourtant oui, Chère-Jeune-fille les conditions sur les réserves ont changé depuis les excuses. Je m’explique, les excuses ont été suivies d’une séquestration budgétaire. Pour le vocabulaire ordinaire, séquestration est une rétention, bannissement ou exil. En termes de loi cela signifie saisie pour mettre en lieu sûr mais s’est transformé, afin de signifier, pour ce qui concerne le budget fédéral : sujet à coupe, au mieux c’est ce que je comprends. Chère-Jeune-fille je suis allée aux services médicaux de santé Indiens pour soigner une dent, une douleur compliquée. Les soins de santé Indiens sont garantis par traité mais à la clinique les fonds limités n’autorisent pas de soigner au-delà d’un plombage. La solution offerte : l’arracher. Sous les pinces les masques et les lumières de la clinique, une dent qui aurait pu être sauvée fut placée dans ma paume pour que je la prenne après séquestration. Je ne partage pas ceci pour invectiver la souffrance, les faits sont ce qu’ils sont je partage pour expliquer. Chère-Jeune-fille, je rends honneur à votre réponse et j’agis. Bien qu’à la racine de réparation il y ait réparée. Ma dent ne repoussera plus jamais. La racine, partie.