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Remarques d’un gars (indigène) à l’Amérique
- pardonne-moi d’avoir quelque chose à dire
- Tout est dans le langage que nous utilisons.–Layli Long Soldier [ceci veut dire le monde pour moi]
- 13h 34, il pleut encore
- D’abord, je suis plutôt timide [donc je fais de mon mieux]
- j’inscris sur la page blanche & j’efface le foncé que j’y ai mis
- laissez-moi recommencer
- Je regarde Ies miens se faire arrêter la nuit
- ce que j’ai vu : leurs poignets luisants sous la lune
- ’anoqónma, dit mon oncle/qui veut dire, indigènes
- Question: y a-t-il assez de métaphores pour faire couler le monde? Ou pour qu’il continue de tourner?
- Parfois, rester sous la pluie me faire me sentir plus vivant—pourquoi ça?
- Mon cousin a deux longues tresses qui descendent jusqu’au bas de son corps—et de cela, je suis si heureux
- tu vois ta bouche—nos lèvres ne veulent rien d’autre que d’être ce rouge
- Autrefois le monde entire était eau/ne t’en souviens-tu pas?
- 21h 07, je veux que ma mère / sache que je l’aime
- Les os parlent/ Les os parlent
- Arrête-toi & écoute le silence entre nous
- Qu’est-ce que cela pourrait signifier?
- Certains d’entre nous sont plus effrayés que d’autres
- Note pour moi-même: chaque mot que j’ai déjà dit l’était et est dentelé d’eau, de l’eau brûlante
- Question: avez-vous scruté tes empreintes digitales sur la fenêtre?
- Pensé à l’instant : la seule preuve de ton humanité / parfois/ que tu aies été là
- Comment pourrions-nous prouver que nous sommes vraiment vivants? /trop profond? Trop tôt? Peut-être.
- laisse-les dire : les morts t’ont codé comme ça: cachés dans tes empreintes digitales
- Touche-moi /je promets que je ne suis qu’un corps avec un cœur battant
- Avec la perte conséquente / de lumière/ tu te vois/ dans le verre
- Note pour moi-même: chaque fantôme dans tes os te fait bouger
- C’est la vie/ parfois
- Mon étudiant/ qui écrivait ses notes au feutre sur ses bras/ est mort de soif dans un champ
- Un commentaire sur internet dûment noté: nous gagnons la guerre alors tais-toi bon sang
- tu fus fait chair à partir de beaucoup
- (-continus-) coup de fusils
- Un autre commentaire internet: laisse les chiens les manger MAUDITS BOUFFEURS DE CHIENS
- As-tu regardé dans la glace & dit : tu es un cimetière
- Oui je l’ai fait
- Je fausse le miroir rien qu’en me tenant là / rien qu’en pensant à toi
Amérique
- Touche-toi dans le noir (n’importe quelle façon nécessaire) parce que tu es
- (-continu-) un Plaisir que d’être en vie
- Question: avez-vous entendu des voix en observant une flaque d’eau?
- Il a plu hier également
- Imagine: la pluie bondissant du champ/ comme les criquets
- J’ai poussé mon cri yáaca’ depuis un océan au loin / depuis le rire
- Car les souvenirs de joie circulant entre nous conservent notre sang en mouvement
- Je voulais savoir que le corps/ était tout ce que nous avions
- Essayer de se souvenir : ce que ma peau ressentait après que quelqu’un ait dit : putains d’Indiens
- A propos : te voilà/ mon dieu/ Lecteur Gentil / parce que je prie & que tu écoutes
- Merci/ qe’ciyéw’yew’
- Le mot le plus seul est celui à l’intérieur de toi que tu n’as pas encore prononcé
- Apprendre à faire l’amour dans un autre langage / j’ai pleuré cette nuit-là
- Tout ce qui restait—des corps se souvenant—souffle, maintenant enfui, mouillant encore la bouche
- Non, le corps est fait pour supporter les morts
- Le robinet d’eau de mon grand-père est le meilleur du monde / je le jure
- c’est bon pour le sang, dit mon oncle [qui voit mieux de son seul œil que moi avec les deux miens]
- J’ai été créé parce qu’il faisait sombre—& quelqu’un manquait
- Déshabille-toi & et regarde-toi / souris / c’est toi
- Mets ta main sur ta poitrine & dit quelque chose comme : une maison avec tout le monde dedans
- Je suis en partie monstre, en partie animal, partie eau, partie histoire, partie chant, partie farceur, toujours le sang rencontre l’eau & asperge la terre
- Tu respires/ mon cœur ne peut pas faire autrement / que réagir
- …rassembler les sens, mais je dis , rassemble tes mains, cher bienaimé
- Dans le hayon de la minuscule Honda rouge de ma mère, la radio diffuse: chers bienaimés, nous sommes rassemblés ici aujourd’hui
- (-continu-) traverser cette chose appelée vie. & depuis j’ai toujours aimé Prince.
- You are passing through your life, like [a. a season, b. a child playing in limbo, c. a clock, d. all of the above]
- Dans le champ, sur le lieu du massacre, j’ai pleuré et pleuré pendant que mes camarades de classe me regardaient
- Question: rêves-tu de moi?
- Quand la pluie aura cessé de tomber, je demanderai : te souviendras-tu de moi comme ça?
- Première gelée de l’année signifie: oui, même le souffle touche la terre & reste
- Question: comment nettoyer l’air si l’air est tout ce que vous avez perdu ?
- je
t’ai donné l’Amérique ce que ça voulait mais j’ai gardé quelque chose
- Sur le compte Facebook de ma mère, j’écris : être dans cette peau c’est être en résistance
- Sur le compte Facebook de mon ami, j’écris : existence indigène = oxymore
- One headphone shorts &—suddenly—the same song is something I’ve never heard before
- Les moineaux se sont abattus sur le champ de riz / ne laissant derrière eux qu’un arbre dépouillé
- Je vous aime tous/ je le jure
- Ou pour le dire autrement: ’óykaloo, ’eetx heetiwíse
- S’il te plait regarde-moi dans les yeux—c’est tout ce que je demande